Boukman ne savait pas lire

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Auteur : Rodney Salnave
Fonction : Dougan (Scribe)
Date : 25 octobre 2016
(Mise à jour : 22 sept. 2018)

En 2004, le monde entier a boycotté la commémoration du 200ième anniversaire de l'indépendance d'Haïti, sous l'incitation de l'Occident toujours blessé que ses anciens génocidés puissent lui tenir tête ; et vaincre. Hormis le président sud-africain Thabo Mbeki, le fier héritier de Nelson Mandela, aucun des multiples chefs d'état en fonction ne s'est pointé pour marquer son soutien au peuple haïtien. En vrai hypocrite, la planète entière, sous prétexte de ne pas supporter Jean-Bertrand Aristide, le président haïtien du moment, a préféré déléguer des subalternes à cette célébration de la dignité universelle. Elle jeta ainsi le bébé avec l'eau du bain.
Et sans surprise, cette même année du bicentenaire, l'ONU (Organisation des Nations Unies) a donné un coup d'état a Aristide, permettant ainsi aux soldats français de fouler sournoisement la terre glorieuse de Dessalines.
Mais, pour l'Haïtien imbu de l'histoire de son pays, cet affront fut une prophétie plutôt qu'une surprise. Car le Roi Henry dit Christophe l'avait longtemps prévenu : 
"Lorsqu’ils [les Français] verraient que notre population corrompue aurait perdu sa force morale, et qu'elle serait dans l'impuissance de pouvoir leur résister, alors ils nous déclareraient la guerre ; et encore ils nous feraient une guerre perfide, en se servant de nos propres moyens pour pouvoir nous combattre et nous détruire!..." (1)
Voilà que désormais, le monde noir tout entier revendique la paternité de la révolution haïtienne, si chèrement payée, qu'il a pourtant boycotté par peur de représailles occidentales. Ce monde noir lâche, avide et parasite qui, lorsque le sang des héros haïtiens coulait à flot, soit vendait ses semblables en "Afrique" aux Occidentaux et Arabo-musulmans (2); soit restait passif dans les colonies, car trop christianisé pour se battre jusqu'au dernier. (3)
Donc, ceux-là réclamant aujourd'hui leur lot de gloire sans verser de leur sang, savent-ils qu'au cours des 12 ans de guerre d'indépendance haïtienne - partant du 22 août 1791 au 18 novembre 1803 - 150.000 des 450.000 Noirs de la colonie de Saint Domingue (Haïti) ont péri? Et comprennent-ils que ces martyrs représentaient le tiers de la population noire ; soit l'équivalent de 3.3 millions de morts sur les 10 millions d'habitants que compte présentement Haïti?
Mais que vaut le sacrifice de dizaines de milliers de révolutionnaires haïtiens pour des vautours historiques? Il leur suffit de relier un seul de ces révolutionnaires (Boukman par exemple) au pays étranger de leur choix, afin que son mérite surpasse celui de l'ensemble des martyrs et héros de toute une révolution.
C'est donc dans cette optique, sous couvercle de fraternisation, que les Nigérians prétendent que le leader Boukman était l'un des leurs, un Yoruba (Nago), et que l'action des "Africains" dans la révolution haïtienne était supérieure à celle des Créoles (4). Pour les Congolais, cette révolution fut l'oeuvre de Macandal, de souche congo (5) ; en dépit du fait que Macandal fut exécuté 33 ans avant le déclenchement de ladite révolution. Selon les Béninois, tout revient à Toussaint Louverture. Et, dans leur rapacité historique, ces Béninois envisagent même de modifier l'arbre généalogique de la famille royale d'Abomey, afin d'inclure Gaou-Guinou (Gaou Déguenon), le grand-père de Toussaint Louverture (6). Or, ils savent pourtant que dans l'ancien Royaume dahoméen d'Abomey, "Gaou" correspondait au grade de Ministre de la Guerre (7), et ne fut point le nom d'un Roi de l'ethnie Arada, comme le disent à tort des livres d'histoire (8).
Et quant aux "Africains" de l'Ouest islamisés, ils prônent tapageusement que cette révolution haïtienne fut l'oeuvre de captifs (esclaves) musulmans dont Macandal et Boukman. (9) Finalement, même les Jamaïcains, descendants de captifs n'ayant pas osés vivre libre ou mourir, comme l'ont fait les ancêtres des Haïtiens, revendiquent, à travers l'anglicisation boiteuse de Boukman en "Book-Man" (10), leur part du butin que représente la révolution haïtienne. Mais, le Libérateur d'Haïti, l'Empereur Jacques I, dit Dessalines, dans sa clairvoyance, a lui aussi averti ses enfants en des termes sans équivoque :
"Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes... Quel peuple a combattu pour nous? Quel peuple voudrait recueillir les fruits de nos travaux? Et quelle déshonorante absurdité que de vaincre pour être esclaves. Esclaves!...
Imitons ces peuples qui, portant leurs sollicitudes jusque sur l'avenir, et appréhendant de laisser à la postérité l'exemple de la lâcheté, ont préféré être exterminés que rayés du nombre des peuples libres." (11)
Bref, obéissant au dictat de Jacques I, notre Empereur et Libérateur, nous démentirons, grâce à ce présent article, la falsification faisant de Boukman un Homme de Livre ou un lettré anglo-islamique. Nous démontrerons factuellement que Boukman ne savait pas lire. Car, nous sommes convaincu, qu'étant doté d'une bravoure peu recensée chez les Noirs, il aurait voulu que toute la vérité sur lui soit relatée, sans biais dans un sens ou d'un autre. C'est franchement, la moindre que l'on puisse faire pour ce héros ayant tant sacrifié pour extirper son peuple de la barbarie universelle.

1- D'où provient l'idée que Boukman savait lire?

Contrairement à Toussaint Louverture dont plusieurs documents coloniaux attestent de son usage de l'écriture, nul document colonial a même insinué que Boukman savait lire. En absence de traces historiques prouvant une hypothèse, il est raisonnable de s'abstenir d'affirmer que cette hypothèse soit vraie - quoiqu'elle puisse paraître plausible pour certains. Cela devrait être la posture raisonnable adoptée par quiconque effectue une analyse historique. Mais, malheureusement, le débat sur l'écriture de Boukman ne fait pas appel à la raison ; mais plutôt à la prédation. Prédation en provenance :
  • a) du monde noir, (comme nous venons de le voir brièvement) ; 
  • b) prédation d'intellectuels français ayant ravivés cette graine dans la tête des Haïtiens en 1990-92, afin de saboter les 200 ans de la cérémonie du Bois Caïman ;
  • c) Prédation initiée par des intellectuels haïtiens complexés dont Jean Fouchard en 1953, puis Gerson Alexis en 1967-70, se servant de discours xénophiles au but inculqué et inavoué de violenter leur propre peuple.
Gerson Alexis, le fabulateur hautain
En 1967, comme nous l'avons soulevé ailleurs, l'intellectuel haïtien Gerson Alexis, s'était rendu à Balan, au Nord d'Haïti, afin de prouver à tout prix l'islamité d'un groupe religieux. Deux articles sortirent de ce voyage. Malhonnête, Alexis lança avec légèreté diverses affirmations non prouvées, parmi lesquelles que Boukman et Macandal étaient musulmans et mandingues :
"There is such legends concerning haitian independance war heroes as Mackandal and Boukman (1792) who were themselves moslem mandigoes" (12)
Le premier problème que rencontra Gerson Alexis fut celui que les Haïtiens de Balan perpétuant un rite haïtiano-mandingue traditionel, comme tous les Traditionalistes haïtiens, reconnaissent leur Dieu Créateur comme "Grand Maître". Ce fait contredit la présomption d'Alexis, car pour être musulman, le premier pilier de l'islam exige que l'on reconnaisse Allah comme Dieu Suprême, et aucun autre Dieu. Contrecarré, Gerson Alexis rejeta la réalité de ces Haïtiens de souche mandingue. Plein de dédain, l'intellectuel haïtien prétendit alors mieux connaître que ces pauvres paysans, la religion qu'ils pratiquent :
"Le Mandingue croit dans l'existence d'un Être Surprême. Certains le confondent avec le "Grand Maître" adoré par les vodouisants... (...) À la vérité il s'agit d'un culte islamique ou profondément dérivé de l'islam. Les mandingues ne connaissent pas les noms de leur dieu pour la simple raison que le rituel du culte est conduit dans un langage dont ils ne comprennent rien eux-mêmes." (13)
Le rituel traditionel de cette société de Balan ne peut être réduit à une simple confusion sémantique ou d'une substitution anodine du nom d'Allah par celui de "Grand Maître". Car, Alexis décritvit, sans aucun gêne, la prière de cette confrérie en ces termes :
"Le Mori [non Imam ou Iman], un cierge de cire grossier en main [pratique non musulmane] fait un long sermen sur la valeur de la foi mandingue qui doit être conservée toujours vivace dans l'intérêt des familles mandingues [pas dans l'intérêt de "Allah"] . Il commence son ordonnance par une récitation du "Notre Père" [pratique catholique] et du "Je vous Salue Marie"  [pratique catholique] à laquelle l'assistance répond en chorus. Le Mori se signe [pratique catholique]..." (14)
D'ailleurs, préalable à G. Alexis, Carl E. Peters, un prêtre catholique, avait décrit les rituels de cette même société de Balan. Et le rapport de ce prêtre ayant pourtant participé à la campagne génocidaire dite "anti-supersticieuse" ou des "rejeté", comporta moins d'omissions et d'exagérations que celui d'Alexis, l'intellectuel haïtien. Le texte de Peters révéla des prières des paysans de Balan adressées notamment à :
  • La Vierge de miracle (Sainte catholique)
  • La Vierge imprudente  (Sainte catholique)
  • Mari Ginin (Marie de Guinée, syncrétisme catholique-traditionnel)
  • La Rène Baltaza (Syncrétisme catholique-traditionnel)
  • Pierre Dambara (Divinité traditionnelle)
  • Pierra Cala Oussou (Divinité traditionnelle)
  • Le Roi de Miminuit (Le Roi de Minuit, Divinité traditionnelle)
  • Le Roi de Carrefou (Le Roi du Carrefour, Divinité traditionnelle)
  • Le Bonzange Gadient  (Bon Ange-Gardien, syncrétisme catholique-traditionnel)
  • Adiassou Cala ou  (Divinité traditionnelle)
  • Adiassou Roche Adiasso (Divinité traditionnelle)
  • Baltaza Bizango (Divinité traditionnelle et sociétés secrètes) (15)
De toute évidence, face à la forte teneur syncrétique de ces prières, un individu sainement constitué rejettera sans tarder l'hypothèse musulmane des habitants de Balan. Toutefois, dans un contexte de prédation historico-religieuse et civilisationnelle, la raison et la décence font vite place à l'opportunisme. Nous traiterons ultérieurement de l'hypothèse mandingue. Mais ce qu'il faut retenir ici est que les textes bilingues de Gerson Alexis ont introduit en 1970, et sans aucune preuve, la supposée origine islamo-mandingue de Boukman ; mais pas l'hypothèse qu'il savait lire.

Gérard Barthélémy, l'extrapolateur extrapolé
Arrivèrent, à l'approche des 200 ans du Bois Caïman, en 1991, les écrits révisionnistes Français. D'abord ceux de François Hoffmann, puis de Gérard Barthélémy, et finalement ceux de Charlie Najman. Si Hoffmann affirma en 1990 que Bois Caïman fut un mythe - ce qui fut démenti en 1992 par David Geggus - le texte de Gérard Barthélémy raviva l'hypothèse musulmane de Boukman introduite par Gerson Alexis 20 ans plus tôt. Cependant, Barthélémy, plus méthodique, poussa la dose en proposant Bois Caïman comme islamique et Boukman comme lettré :
"Un autre indice en effet, tient au nom lui-même de Boukman, qui vient de Book-Man, nom utilisé encore aujourd'hui en Afrique Anglophone, notamment au Libéria, pour désigner "l'homme du livre" "Le Marabout - Le Sage, celui qui connait les écritures.
Boukman qui s'appelait en réalité Boukman Dutty, selon Céligny Ardouin, venait de la Jamaïque, colonie anglaise, où ce nom accolé à celui de son propriétaire en lui avait sans aucun doute pas été attribué par hasard." (16)
Il va sans dire que Gérard Barthélémy utilisa un argument circulaire, une forme de sophisme, en prétendant que :
  • a) puisque l'on nomma "Book Man", un "Marabout" islamisé au Libéria (anglophone),
  • b) et qu'un révolutionnaire haïtien (dominguois) porta le nom de Boukman,
  • c) cela implique automatiquement que ce Boukman haïtien obtint son nom dans le même contexte qu'au Libéria.
D'ailleurs, selon cet article du libérien Wonderr Freeman intitulé "
On Behalf Of The "Book People"", au Libéria, le terme "Book Man" ou "Book People" (au pluriel) signifie "Lettré". Il est synonyme de "Degree Holders". C'est-à-dire, des “Diplômés” ou toute personne éduquée, indépendamment de la religion :
“How true is the claim that the book people failed Liberia? Firstly, to understand this theory one must try to understand what is actually meant by the phrase "degree holders failed Liberia." Do the advocates of this misguided theory actually mean that those who have chosen the honorable path of going through formal institutions of learning as secondary schools, technical schools, colleges and universities are good for nothing? Do they mean that graduates of these educational institutions are miseducated; hence, the graduates are failures? Do they mean that these graduates fail to put into practice what they’ve been thought at these institutions? If the degree holders are failing in Liberia, what are they doing in other countries? Are the "book people" in other countries failing? Is there any country in the world where socio-economic development was achieved without degree holders? Is there any country in the world where the practice of the professions was turned over to the people who did not go to school; that is, the people who don’t know "book"?”
(…)
Was President Tubman a degree holder and was he a failure? President Tubman was not a degree holder: He is widely believed to have completed 8th grade education only. Not surprisingly, he was a miserable failure. He was nothing more than one of those trial-and-error politicians that I spoke of earlier. Such trial-and-error professionals, I maintained, are the people who have failed Liberia. Tubman, an eight grade graduate, cannot be considered a bookman when his immediate predecessor was a university professor and other contemporaries - pro-independence leaders and African nationalists- as Hasting Kamuzu Banda of Malawi, Kwame Nkrumah of Ghana, Kenneth Kaunda of Rhodesia, Nnamdi Azikwe of Nigeria, were fully equipped with PhD’s to run their respective countries or independence movement." (17)
Traduction :
"Est-ce vraie, l'affirmation que les gens du livre ont échoué le Libéria? Tout d'abord, pour comprendre cette théorie, il faut essayer de comprendre ce qui est réellement entendu par l'expression les "titulaires de diplômes ont échoué le Libéria." Est-ce que les partisans de cette théorie erronée signifient en fait que ceux qui ont choisi l'honorable voie de passer par les institutions formelles d'apprentissage comme les écoles secondaires, les écoles techniques, les collèges et les universités, sont bons pour rien? Est-ce qu'ils veulent dire que les diplômés de ces établissements d'enseignement sont mal éduqués; par conséquent, les diplômés sont des échecs? Est-ce qu'ils disent que ces diplômés ne parviennent pas à mettre en pratique ce qu'ils ont appris dans ces institutions? Si les titulaires du diplôme ne parviennent pas au Libéria, que font-ils dans d'autres pays? Est-ce que les «gens du livre» dans d'autres pays ne parviennent pas? Est-il un pays dans le monde où le développement socio-économique a été réalisée sans titulaires d'un diplôme? Est-il un pays dans le monde où la pratique des professions a été remise aux personnes qui ne vont pas à l'école; à savoir, les gens qui ne savent pas le "livre"?"
(...)

Était président Tubman titulaire d'un diplôme et était-il un échec? Président Tubman n'était pas titulaire d'un diplôme: Il est largement soupçonné d'avoir terminé que la 8e année. Sans surprise, il a été un échec lamentable. Il était rien de plus que l'un de ces hommes politiques d'essais et d'erreurs dont je parlais plus tôt. Ces professionnels d'essais et d'erreurs, je soutenais, sont les gens qui ont échoué le Libéria. Tubman, détenteur de la huitième année, ne peut pas être considéré comme un bookman lorsque son prédécesseur immédiat était un professeur d'université et d'autres contemporains - des leaders pro-indépendance et nationalistes-africains tels que Hasting Kamuzu Banda du Malawi, Kwame Nkrumah du Ghana, Kenneth Kaunda de la Rhodésie, Nnamdi Azikwe du Nigeria, ont été entièrement dôtés d'un doctorat pour faire fonctionner leurs pays respectifs ou mouvement d'indépendance."
En d'autres termes, au Libéria, "Boukman" ou "Book Man" désigne toute personne doté d'un diplôme universitaire, aussi bien un comptable, un avocat, un médecin, un ingénieur, autant qu'un arpenteur. Des professions sans lien direct avec l'islam. Cet article réfute donc, la relation exclusivement islamique que Gérard Barthélémy a tenté d'établir avec le nom Boukman.

Boukman lettré selon un témoin oculaire?
Pour démontrer l'habileté de Boukman à l'écriture, Barthélémy s'est servi de l'ouvrage de 1989 de son compatriote Jacques Thibaud, dans laquelle est apparu le témoignage d'un colon ayant vécu sur l'habitation où Boukman occupait le poste de cocher. Il s'agit bien sûr de l'Habitation Clément située à l'Acul du Nord (non au Morne Rouge où Boukman n'a jamais habité). La nuit même de l'éclatement de l'insurrection générale, Boukman aurait sauvé la vie de ce colon qui, dans son témoignage, fit référence à l'intelligence du cocher :
"Le commandant de cette horde sanguinaire nommé Boukman, pour qui j'avais toujours eu beaucoup de bontés, arriva dans ces entrefaits et m'apercevant dans ma chambre dont la porte était à moitié brisée, tout ensanglanté et tout déséspéré, eut compassion de moi; il s'adressa à ses gens et leur dit avec empressement "Ne le tuez pas, c'est un bon blanc et plus savant que tous les autres qui sont ici". A l'arpentage que je faisais auparavant à l'habitation, je me faisais seconder par lui comme le plus intelligent de tous (il avait été bien étonné de voir que je trouvais la distance d'un point à un autre)"". (18)
Et à partir de ces lignes, Barthélémy conclut que Boukman savait lire et fut mandingue :
"Pour être le second d'un arpenteur, il faut non seulement être "intelligent" comme le note l'auteur, mais surtout faut-il, sans doute, savoir inscrire les chiffres, ou tout au moins savoir les lire. Voilà qui renforce singulièrement l'hypothèse mandingue." (19)
Nous sommes encore une fois, face à un argument circulaire de la part de Barthélémy. Car, faute de preuve substantielle, pour justifier son argument, il présente :
  • a) tout "second d'un arpenteur" comme une personne "intelligente" ;
  • b) il prétend ensuite que ce "second d'un arpenteur" devrait savoir lire ;
  • c) puis, il insinue qu'étant donné que Boukman fut reconnu comme "intelligent", et fut le "second d'un arpenteur", cela implique forcément qu'il savait lire.
Or, rien ne prouve que Boukman savait lire en réalité. Car :
  • 1) l'intelligence étant innée, être intelligent n'implique pas automatiquement que l'on sache lire ou écrire ; surtout lorsque l'on parle d'un captif à l'accès à l'écriture extrêmement limité. Et inversement, savoir lire ou écrire n'implique pas pour autant que l'on soit intelligent. Les bancs d'école sont remplis d'exemples prouvant cela.
  • 2) S'il est utile d'être intelligent pour assister à l'arpentage d'un domaine, comme je l'ai moi-même effectué en Haïti en 2008, il n'est toutefois pas indispensable de savoir lire, ni écrire. Il suffit de placer, à l'aide de poteaux et lignes, des points de repères aux endroits indiqués par l'arpenteur qui se charge du calcul mathématique, et de la prise des notes. D'ailleurs, le témoin a bien déclaré qu'il se faisait seconder par Boukman, non parce qu'il savait lire ou écrire, mais simplement parce qu'il était "le plus intelligent de tous", en référence aux captifs de la plantation dont il disposait comme main d'oeuvre. Donc, si Boukman savait lire ou était le seul parmi la bande à savoir lire, le témoin aurait jugé pertinent de la mentionner. Or, il a pas fait. Il a uniquement crédité Boukman de ce qui lui est inné, l'intelligence.
  • 3) De plus, ce colon témoin de l'habitation Clément, n'était pas un "arpenteur" de métier, comme l'insinua Barthélémy. Ce témoin n'était qu'un jeune homme âgé de 16 ans au moment de l'insurrection de 1791 :
"M. Robert, charpentier, employé sur la même habitation [Flaville, non pas Clément], est saisi par ses nègres, qui le garottent entre deux planches et le scient avec lenteur.
Un jeune homme de seize ans, blessé dans deux endroits échappe à la fureur des cannibales, et c’est de lui que nous tenons ces faits." (20)
Donc vu son jeune âge, les autorités coloniales ont choisi de taire l'identité du témoin, en publiant son récit. Donc, il était, de par sa jeunesse, loin de l'arpenteur que Barthélémy laissait entendre. Et la tache qui lui fut allouée ne devrait pas non plus être d'envergure. Ce qui aurait nécessité un arpenteur d'expérience. Quoiqu'il en soit, à partir de cette extrapolation de Gérard Barthélémy, la machine révisionniste fut en marche. Elle déploya peu après ses tentacules (notamment via les efforts de Charlie Najman : documentaire (21), livre (22), etc.) sur les intellectuels et leaders religieux haïtiens, aboutissant en l'artifice "Bwa Kay Iman" universellement répandu.

Quelle est donc la vérité?
Faute de pouvoir identifier le jeune témoin, les historiens le surnomment "Procureur Clément", en fonction du métier de Procureur ou gérant-comptable qu'il pratiquait à l'Habitation Clément ; du moins, qu'il apprenait. Au cours de cette recherche, nous avons déniché l'identité du "Procureur Clément", qui était habilement enfouie dans les notes d'un recueil de poésie. Il s'appelait François-Alexandre Beau. Il était un jeune français venu travailler à Saint Domingue dans la plantation familiale Clément. De 1789 jusqu'à l'insurrection de 1791, Boukman, en provenance de l'Habitation Turpin du Limbé avoisinant (23), était le cocher de cette Habitation Clément située à l'Acul du Nord. Sauvé à la dernière minute par Boukman, puis évacué de l'Acul par la milice coloniale, le jeune François-Alexandre regagna sa France natale le 8 septembre 1792, d'où, 13 ans plus tard, à 29 ans, il écrivit ceci :
"J'avais fait à St-Domingue une brillante fortune ; l'insurrection des Noirs m'en dépouille, et je fuis un pays où j'aurais infailliblement perdu la vie. La ville de France qui m'avait vu naître, aux environs de laquelle est situé le patrimoine de mes pères, fut celle que je choisis pour ma résidence : elle est le siège d'une Préfecture.
Un règne affreux pesait sur la France. Plusieurs partis la divisaient pour n'en embrasser aucun, je me séquestrai de la société. J'avais entrepris à St-Domingue de décrire les malheurs des Colons ; dans ma retraite je cherchai à remplir la tache que je m'étais imposée ; mais ne pouvant, sans danger, publier mes mémoires, dans un temps où la France semblait applaudir au triomphe des noirs, et désirant d'ailleurs me faire un nom dans la poësie j'abjurai l'histoire pour me lancer dans cette carrière pénible." (24)
Comme nous le savons, avant de quitter Saint Domingue, François-Alexandre Beau avait effectué un récit détaillé des événements tragiques survenus à l'Acul, l'épicentre de l'insurrection générale. Ce récit du "Procureur Clément" fit mention de Boukman, que l'auteur avait côtoyé dans la plantation, sans pour autant mentionner qu'il savait lire. Mais, Jacques Thibaud, la source de Barthélémy, et le premier a publié le témoignage du jeune homme, pour une raison inconnue, opéra une coupe dans cette citation, qui altéra le sens du témoignage :
"Il [Boukman] s'adressa à ses gens et leur dit avec empressement "Ne le tuez pas, c'est un bon blanc et plus savant que tous les autres qui sont ici". A l'arpentage que je faisais auparavant à l'habitation, je me faisais seconder par lui comme le plus intelligent de tous (il avait été bien étonné de voir que je trouvais la distance d'un point à un autre)" (25)
Cette citation accompagnée de l'interprétation de Barthélémy laissent penser que Boukman était instruit, et qu'il fut étonné que le blanc savait également faire un calcul mathématique complexe. Or, le texte original* offre un autre son de cloche :
"Il [Boukman] s’adressa à ses gens et leur dit avec empressement « Ne le tuez pas, c’est un bon blanc et plus savant que tous les autres qui sont ici ». Ce qui lui donna lieu de s’exprimer ainsi : A l’arpentage que je faisais auparavant à l’habitation, je me faisais seconder par lui comme le plus intelligent de tous (il avait été bien étonné de voir que je trouvais la distance d’un point à un autre sans en approcher, puisque [ce n’était pas l’usage habituel. Et il croyait par] là que j’avais un génie supérieur aux autres blancs). Je ne fus pas peu surpris d’entendre un pareil langage car je ne l’aurais pas cru susceptible, dans cette conjoncture, d’autant d’humanité." (26)
Comme on peut le remarquer, en réalité, Boukman, quoiqu'intelligent et mentalement éveillé, étant analphabète, ignorait que c'était possible faire de trouver "la distance d'un point à un autre sans en approcher", c'est-à-dire, sans compter des pas.
De plus, l'émerveillement de Boukman trahi également son analphabétisme par le crédit exagéré qu'il accorda au jeune colon pour une opération mathématique courante :
"Il avait été bien étonné de voir que je trouvais la distance d'un point à un autre sans en approcher... [Et il voyait par] là que j'avais un génie supérieur aux autres blancs." (27)
De ce calcul du jeune colon il conclu qu'il est en présence d'un "génie", quelqu'un qui fut "plus savant que tous les autres" dans la colonie. Son admiration fut tel qu'il risqua gros, pour protéger la vie de ce colon. Une autre version de cette même auteur nous permet de mieux cerner la démesure de Boukman à son égard. Il agressa mêmes ses propres compatriotes pour protéger celui ayant fait un calcul mathématique :
"Dans la fureur qui m'égare j'ouvre ma porte, perpendiculairement à laquelle et sur deux lignes mes assassins sont rangés, je m'élance parmi eux avec rapidité; mais au moment où j'allais être percé de mille coups, le nègre Boukman cocher de notre habitation et chef de la bande, arrive sur la scène me prend entre ses bras, et dit d'un voix de Stentor : je ne veux pas qu'on le tue; c'est un bon blanc, il en sait plus que tous les autres qui sont dans la Colonie.
Les révoltés les plus féroces ne souscrivirent à sa volonté qu'après avoir reçu quelques coups de crosse de fusil." (28)
Nous retrouvons un exemple émerveillement similaire dans l'expérience que fit le naturaliste Descourtilz avec un captif du Port-de-Paix (Nord-Ouest de Saint Domingue (Haïti)) aux environs de 1800. Ce captif, l'accompagnant à la chasse, fut extrêmement émerveillé face à un portrait d'oiseau d'une très grande réalisme que fit le naturaliste. Son ignorance totale du procédé qui lui est présenté, et que jusque là il n'y était pas exposé, le poussa à qualifié le naturaliste, non pas de génie, mais du "Diable" en personne :
"On peut encore juger de la superstition des nègres par ce trait caractéristique. J'avais chassé toute une matinée dans les mornes du Port-de-Paix, où j'herborisais en même temps pour ajouter à ma collection des oiseaux, des plantes , et tout ce qui concerne un choix de ce genre. Un noir me guidait dans ma course incertaine, et se chargeait de tout ce qui devait être rapporté à la case. Nous étions au mois d'août, et les productions animales ne pouvant se conserver, je les dessinais pour préparer au plus vite la peau des oiseaux. Mon conducteur ne m'avait point encore vu à l'ouvrage; je le fis venir pour lui faire reconnaître les oiseaux que j'avais tué le matin devant lui. Quelle fut sa surprise, de voir dans une attitude vivante, et sur des papiers, des oiseaux qui n'existaient plus ! il recula de frayeur, en s'écriant tout enroué : « Ah ! bon dieu ! ! ! bon dieu ! ! ! queu bagage! blanc france ci làlà li diab' même! Guetté comme' li coucher en haut papier toute' bagage layo ! Ah! bon dieu!!! bon dieu » ! Rien de moins surprenant que de voir un homme de ce genre, étonné, à la vue d'un travail qu'il ne peut définir, mais de le voir en suite refuser de prendre mon verre, et d'y boire du tafia pour lequel un nègre se ferait fouetter ; c'est ce qui surpassa mon attente." (29)
Ce "travail qu'il ne peut définir", résume fort bien l'attitude émerveillé de Boukman, face au calcul de François-Alexandre qui dépassait son entendement, renforçant ainsi notre argument qu'il ne savait pas lire.


2- L'écriture chez les rebelles

Si Boukman savait lire, ou qu'il était le seul à savoir lire, que fait-on de la présence de Toussaint Louverture depuis les premiers temps de la révolution, lui dont les lettres écrites de sa propre main abondent?

Lettre de Toussaint Louverture à Rochambeau du 8 juillet 1796 (écrite de ses mains)




Source: Schomburg Center for Research in Black Culture, Manuscripts, Archives and Rare Books Division, The New York Public Library. "Toussaint Louverture to Rochambeau about prisoners" The New York Public Library Digital Collections. 1796. http://digitalcollections.nypl.org/items/a1733734-ae5e-3d54-e040-e00a180617d6

Lettre de 1791 de Toussaint dans laquelle Boukman et tafia (alcool) sont mentionnés
Pour encore d’avantage de précisions, nous avons ici une lettre datée du 15 octobre 1791 (2 mois après le début de l’insurrection) par laquelle Toussaint Louverture, médecin de l’armée, informe à Biassou de son intention de ne pas se rendre dans la partie espagnole, comme souhaiter, et d'en informer "Bouqueman" :


"Lettre signée Médecin, général, datée de Grande-Rivière, ce 15 octobre 1791.
Mon très cher ami,
D’après les demandes que je viens de faire à l’Espagnol et que j’attends de jour en jour la chose que je demande, je vous prie d’attendre que nous soyons plus en état avant d’aller à ce que me faites l’amitié de m’écrire. J’ai trop grande envie d’aller, mais je voudrait avoir dans toutes les habitations, des pinces pour pouvoir faire dégringoler les roches qui sont à la montagne du haut du Cap, pour les empêcher de nous approcher, car je crois qu’ils n’ont pas d’autre moyen, à moins que d’exposer nos gens à la boucherie. Je vous prie de vous assurer avec l’espion que vous aurait envoyé, de le faire bien expliquer l’endroit où est la poudrière du haut du Cap, pour que nous puissions réussir à emparer la poudrière; mon bon ami, vous pouvez avoir là dessus que si j’ai pris des précautions à cette affaire, vous pouvez en faire [part] à Bouqueman : quant à Jean-François, il peut toujours aller en voiture avec ses demoiselles, et il m’a seulement pas fait l’honneur de m’écrire un mot depuis plusieurs jours. Je suis même fort étonné de cela. Si vous avez besoin de tafia, je vous enverrés quand vous voudrez, mais tâchez de leur ménager; vous sentés qu'il ne faut pas les en donner pour qu’il soit dérangés. Envoyés-moi plusieurs cabrouets, car j’ai besoin de charger du bois pour monter les cases qui sont à la tannerie pour loger mes gens.
Je vous prie d’assurer de mon très humble respect à Madame votre mère et votre sœur. J’ai l’honneur d’être parfaitement, très cher ami, votre très humble, très obéissant serviteur.
Signé : Médecin, général; à l’adresse, à MM. Biassou, brigadier des armées du roi, au Grand Boucam." (30)
Ce qui sort de l'ordinaire dans cette lettre, est que Toussaint mentionna qu’il lui enverra du tafia, soit de l'alcool, pour l'usage de la troupe. En plus, il supplie Biassou de faire boire les soldats avec modération, preuve d'abus d'alcool dans les camps rebelles. De plus, la lettre laisse penser que Bouqueman (Boukman) se trouvait dans le camp de Biassou. Cela implique que Boukman fait parti du lot des consommateurs d'alcool, chose pourtant formellement interdite par l'islam et indigne d'un Imam ou Iman.
Également, lorsque Toussaint demanda à Biassou de "faire part à Bouqueman", cela prouve que celui-ci n’était pas destiné à faire la lecture de lettre ; prouvant donc à faux qu'il était un lettré entouré de parfaits analphabètes. Car, si c'était le cas, Toussaint l’aurait interpellé directement dans sa lettre ou du moins, il aurait présumé que Boukman, étant l'unique lecteur, aurait obtenu l'information comprise dans la lettre. Dans ce cas, à quoi bon demander qu'on lui fasse part de quoique ce soit?
Finalement, où est-ce donc, dans la lettre, la formule musulmane de rendre toute la gloire à Allah? Tout au contraire, Toussaint s’est déclaré : « le très humble, obéissant serviteur » de Biassou. "V.T.H. et T. Ob. S." fut qu'une formule de politesse courante de l'époque, qui est néanmoins contraire à l’islam monopolisant toute la gloire à Allah. Donc, la théorie musulmane est fausse sur tous les points.

B) Autres lettres des rebelles du vivant de Boukman faisant état de consommation d'alcool


"Lettre d'un nègre, signée Fayette ; du Dondon, le 22 octobre 1791.
Mon général,
J'ai l'honneur de vous souhaiter le bonjour et mon général français qui vous fait de même. J'ai l'honneur de vous zaprendre que nous avons tresté avec Lespagne ; nous salon oujourd'hui écrire à Monsieur le président, pour optenir ce que nous zavont de besoin ; est ses tun traité qui me fait un sansible plaisir, auquel je suis réjuis comme estamp persuadé que sett nouvelle vous fera autamp de plaisir que moi, qui fais que je vous le fais savoir. Le général vous prie, sitôt la présente reçu, de faire prendre tout le tafia qui et fait, et tous le sucre et le tafia surtout lui sont consigné pour le camp de Dondon. Tous lestat major vous salus, leur très heumbles civilité, et vous soite bien de la santé ainsi que moi.
J'ai l'honneur d'être avec un fraternel atachement et respecteux respect,
Mon très cher général, V.T.H. et T.Ob. S.
Signé : FAYETTE." (31)
Ces lettres ne représentent qu'une fraction des preuves écrites démontrant : l'omniprésente de l'écriture dans l'organisation militaire des rebelles, l'absence de Boukman comme lettré, puis le caractère non islamique du quotidien et du fonctionnement des rebelles. Parmi les exemples les plus éloquents, nous pouvons citer la lettre signée Jean-François Roi, recueillie dans les poches de Georges, un chef rebelle tué le 19 septembre 1791, au Quartier Morin. Cette lettre indiqua que Jean-Francois avait placé la tête de Boukman et de Paul (Blain, Blin ou Bélin) à prix. Et si l'on suit la logique des révisionnistes, en tant qu'unique lettré, Boukman aurait-il écrit son propre arrêt de mort?** :
"Dans cette affaire, on trouva dans la poche de Georges, l’un des chefs des révoltés qu’on avait tué, un billet conçu en ces termes : « Je donne pouvoir et j’ordonne à Georges, major général de ma cavalerie, de tuer les nommés Bouqman et Paul partout où ils se trouveront, signé J.-François Roi. » Quels pouvaient être les motifs qui avaient excité le chef suprême de l’armée noire à exhiber un ordre pareil? Je présume que c’est parce que Bouqman et Paul ne s’étaient point emparés du camp des Mornets en même temps que Jeannot avait enlevé celui du Dondon, et de plus parce que les chefs commandaient despotiquement dans leur arrondissement et ne voulaient point reconnaître Jean-François pour leur supérieur." (32)
Que dire également des nombreux rebelles libres (Noirs et Mulâtres) dont plusieurs savaient lire, attestés dans les camps? Et que fait-on du métis (quarteron ou mulâtre) qui donna lecture d'une fausse gazette à la conjuration du Morne-Rouge (33)? Comment cela était possible, si Boukman était l'unique lettré? Et n'aurait-il pas été celui qui aurait rédigé cette fausse gazette - à moins que des complices royalistes blancs se sont chargés de cette tache?
D'ailleurs, Lattre fit cette remarque annottée à une lettre des rebelles. Il y parle de blancs, de curés et de métis instruits aidant à l'écriture :
"Les nègres avaient parmi eux des blancs, pour conseillers intimes, notamment plusieurs curés. Philemon, etc. , quelques sang-mélés instruits." (34)
Nous aborderons volontiers, dans un article à venir, l'étroite collaboration des rebelles, supposément des "jihadistes", avec le clergé catholique. Pour l'instant, nous nous penchons sur des preuves plus tangibles que Boukman ne savait pas lire.


3- Boukman ne savait pas lire

Nous avons ici une preuve tangible que Boukman ne savait pas lire. Elle annule toute la théorie bidon de son islamité, basée uniquement sur une déformation arbitraire de son nom. Cette preuve provient encore une fois du témoignage de François-Alexandre Beau. Il relate la première action directe débutant l'insurrection générale. Par cette action, Boukman, accompagné d'environ 14 rebelles des Habitations Noé (des Manquets), Flaville, Turpin et Clément, s'était rendu sur l'Habitation Trémes, afin de s'accaparer du fusil du charpentier :
"Le 22 aout à onze heures du soir, le nègre Bougman cocher de l’habitation Clément dont j’étais procureur, à la tête de quelques nègres venus du Limbé et d’autres du quartier de l’Acul va sur l’habitation Trémes sise audit quartier, s’empare des armes du citoyen Dutheil, charpentier et gérant de cette habitation et après s’être contenté du lui faire signer une déclaration à sa guise, il l’emmène avec lui." (35)
Ce court extrait, en apparence anodin, est pourtant lourd de sens. Il nous démontre que Boukman avait besoin de la capacité du charpentier à lire afin de lui délivrer une ordonnance. Il s’agit pas de sa part la quête d’un acte d’affranchissement que, de toute évidence, est un acte notarié plus complexe à falsifier sur le vif. Par conséquent, il devrait s’agit de bons, lettres ou billets de passage qu’il tenta de se procurer auprès du charpentier, pour lui et sa bande.  

Billet de passage
Un billet de passage est requis pour qu'un captif puisse circuler librement dans la colonie. Faute de quoi, il ou elle se fera arrêter par la maréchaussée (policiers de l'époque) et emprisonné. Sa capture sera ensuite annoncée dans les journaux afin que son propriétaire puisse venir le chercher, moyennant des frais. Voici, en 1767, soit 34 ans avant l'insurrection générale, l'exemple du contenu d'un billet en possession d'un captif qui fut tout de même arrêté et emprisonné :
"AU FORT-DAUPHIN, un Nègre créole de Saint-Louis, nommé Jean, âgé d'environ 30 ans, taille d'environ 5 pieds 1 pouce, parlant bon français, se disant appartenir à M. Mesples l'aîné, Marchant au Port-au-Prince. (Ce Nègre a été arrêté par la Maréchaussée du Fort-Dauphin, avec une mule ayant les deux oreilles coupées, chargée de deux petites malles couvertes de cuir de Roussy, fermant à clef ; ledit Nègre muni d'un billet conçu en ces termes : Bon pour un Nègre nommé Jean, qui va en pacotille dans le Quartier de St. Marc, le Cap & le Fort-Dauphin ; bon pour un mois, au Port-au-Prince le 12 janvier 1767. Je dis douzième janvier 1767, & que ledit Nègre mène une mule sans oreilles. Signé, Mesples l'aîné). [La susdite, déclaration du Concierge des Prisons, est datée du 6 février]." (36)

Les faux billets
Il était une pratique courante que les captifs se procurent des "faux billets" afin de pouvoir s'échapper sans contrainte. Voici une liste, de 1766 à 1789, d'annonces à travers lesquelles les propriétaires avertissaient que leurs captifs marrons étaient munis de "faux billets" :


 
Source : Les Affiches Américaines. ; URL : http://www.marronnage.info


Des blancs faisant des billets pour les captifs
Comme c'était le cas à l'Acul, lorsque Boukman et ses associés exigeaient une ou des pièces écrites du charpentier, il arrivait également, pour de diverses raisons, que des blancs fournissaient des billets à des marrons. En voici un exemple :


"Un Nègre Congo, nommé Almonzor, paraissant plus vieux qu'il ne l'est, n'ayant cependant que 22 à 24 ans, taille d'environ 5 pieds, bien jambé, la peau noire, picoté de petite vérole, les dents de devant sciées, parlant d'une voix enrouée avec tant de vivacité qu'a peine il se fait comprendre, étampé FOURNIER & au dessus FILS, est parti maron depuis cinq à six mois. Ceux qui le reconnaîtront, sont priés de le faire arrêter & d'en donner avis à M. Jean-Baptiste Fournier, demeurant rue du Conseil, à qui il appartient. Il y aura récompense pour celui qui le ramènera. Ce nègre se tient ordinairement à l'embarcadère de la Petite-Anse, le plus souvent chez un Sieur Marc, Tanneur audit embarcadère, & quelques fois, il se retire dans les cases à nègre de M Bertin, demeurant à l'entrée du bourg, venant de la plaine au Cap, & comme il est gai & qu'il est grand danseur, suivant l'usage de son pays, il est retiré par les Nègres de sa nation. Quelques fois, il va à la pêche, & dans d'autres temps il parcourt la plaine à la faveur des billets que certains Blancs ont la bassesse de lui donner." (37)


Écrire son propre billet
En consultant les annonces de marronnage, nous trouvons plusieurs annonces mettant en garde que tel ou tel marron ait en sa possession des billets de passage, ou que tel autre marron sait lire et écrire, pouvant par conséquent se faire son propre billet :


 
Source : Les Affiches Américaines. ; URL: http://www.marronnage.info

Or, pourquoi donc Boukman, au début de la révolte, perdrait un temps précieux à convaincre le charpentier d’écrire quoique ce soit, s’il savait lire et pouvait se manufacturer autant de billets qu’il le fallait pour lui et sa bande? Le fait qu’il a emmené le charpentier démontre qu’il et sa bande avait besoin de lui pour écrire. Donc, il est raisonnable de dire que Boukman ne savait pas lire comme on le prétend.

Musulman illettré
L'histoire est une question de fait, pas de supposition, d'extrapolation ou de fantaisie. L'une de ces fantaisies est l'idée qu'un musulman devait automatiquement savoir lire. Ceci n'est pas la réalité aujourd'hui. Et il l'était encore moins dans la colonie esclavagiste Dominguoise au 18e siècle chrétien.
Nous nous servons de cette annonce pour un Sénégalais marron, issu du groupe, semble-t-il, au degré d'islamisation le plus prononcé d'"Afrique" de l'Ouest. Nous estimons que ce Sénégalais, très probablement islamisé, ne savait pas lire, car, selon l'annonce, il avait eu recours à l'aide d'autrui pour se fournir un faux billet :


"Philippe, sénégalais, un peu grand & maigre, la peau très-noire, étampé sur le sein BALTAR, est parti marron depuis trois mois. Ce Nègre est briquetier, pêcheur & marchand, allant & venant de la plaine à la ville avec des provisions pour vendre; il porte des souliers & se fait passer pour libre, autant qu'on peut le croire, en voyageant avec un billet qui lui est donné par quelqu'un ; on le soupçonne dans les quartiers de la Rivière-Salée, du Morne-Rouge, de l'Acul, ou dans les environs : en donner des nouvelles à Mrs Grelaud frères, négociants au Cap-Français." (38)

Écriture africaine (sénégalo-mandingue) illisible, donc inutile
Toute la révision islamique repose sur la supposition que Boukman était lettré, et qu'il savait lire. Et que cela impliquerait qu'il était mandingue, musulman, éléments lui donnant de l'emprise sur les autres captifs. (39) Pareil argument a bien marché auprès des esprits faibles. Mais, il ne tient pas la route pour quiconque est doté d'un minimum de raison.
Aussi dur que cela risque de paraître, lorsque l'on analyse le captif (esclave) né en "Afrique", qu'il soit d'ethnicité mandingue ou autre, lettré ou non, islamisé ou non, il faut comprendre qu'il était RIEN. Dans la colonie, l'"Africain" était au plus bas de l'échelle sociale, bien loin derrière le Créole qui lui, étant né en Amérique et ainsi était doté de privilège rarement accessible à l'"Africain" (40). Par exemple, le poste de cocher dont Boukman occupait, était un privilège rarement accordé à un "Africain" ; rendant donc très improbable que Boukman était un "Africain". Mais, certains présentent ce leader comme un Créole jamaicain de souche mandingue. Dans ce cas, ça va.
Mais l'origine "africaine" en soit, mandingue ou autre, défavoriserait tout captif (esclave) face au Créole. Nous avons ici une annonce de prison faisant état de Michel, un captif (esclave) Mandingue dont le propriétaire, Jean Babe, était un Noir Libre (Créole) :


"Le 29, Michel, Mandingue, étampé DOUGE [inversé], se disant appartenir au nommé Jean Babe, N.L. [Noir Libre] Habitant à la Gosseline, quartier de Jacmel." (41)
L'autre problème, est que nul, de notre avis, ne s'est jamais posé la question à savoir que valait l'écriture arabe ou islamo-musulmane dans la colonie catholico-française de Saint Domingue? La réponse est encore une fois, absolument RIEN. L'exemple qui suit présente à Saint-Marc, en 1766, le cas d'un captif sénégalo-mandingue ayant en sa possession un écrit inutile dans la colonie à cause de sa forme "exotique" :
"Un Nègre Sénégalais, nommé Antoine Mandingue, étampé sur le sein gauche A, âgé de 35 à 36 ans sortant de l'Espagnol, pris avec un porte-feuille où il y a des papiers écris hors d'état d'être lus." (42)
Cet exemple nous démontre que l'écriture arabo-musulmane ne valait rien dans la colonie. Il était illisible ou "hors d'état d'être lu" par le occidentaux qui géraient la place. Et par conséquent, le plus grand lettré en arabe ou toute autre langue non occidentale était analphabète à Saint Domingue. Et là est une réalité que les révisionnistes ont perdu de vue. Car, l'écriture arabe n'offrait aucun avantage à un captif ou marron. Étant illisible pour la maréchaussée (les agents) faisant le control sur les routes, cette forme d'écriture ne perméttait pas de circuler librement comme ce fut le cas des faux billets écrits en français. Autrement dit, quelle besoin avait un groupe de marrons d'un lettré arabophone ne pouvant lire un arrêt officiel affiché sur un lieu public, au point d'en faire un leader? Quelle est l'utilité de ce captif arabophone, s'il ne pouvait forger un bon de passage en Français, afin que sa femme marronne enceinte puisse se rendre de l'autre bout de la ville, chez une sage-femme d'expérience? Ou encore, que valait ce musulman lettré, s'il fut incapable d'écrire un faux bon afin de permettre à un collègue marron de se rendre au marché publique afin de voler des vivres pour nourrir la bande?
Maintenant, opposant l'incapacité du lettré en arabe dont l'écriture, dans la logique de l'époque, n'était qu'un signe d'"africanité" - donc, d'infériorité - avec le potentiel du captif créole, ne possédant pas de balafres ethniques sur le visage, et sachant écrire et s'exprimer en Français ou en Créole sans accent? Serait-il même souhaitable, pour un groupe de marrons, de s'associer à un africain musulman lettré, nostalgique de sa terre, fort probablement misogyne et borné par la doctrine islamique, et ne pouvant contribuer au bien être du groupe, à cause de son savoir littéraire incompatible?
Observons cet exemple d'un captif créole sachant écrire et parlant le Français, et qui, de ces habiletés, représentaient un meilleur choix de leadership qu'un lettré musulman :


"ESCLAVE EN MARRONNAGE: Il est parti marron du Port-au-Prince, le 17 de ce mois un Nègre nommé Hector, étampé sur le sein droit MOZARD, âgé de 30 à 35 ans, taille de 5 pieds 4 à 5 pouces, très gros & très-fort, ayant une blessure fraîche à la main gauche ; ce Nègre sait lire & écrire, ayant été en France : comme il serait possible qu'il se fit des permissions de s'absenter ; on prie instamment ceux qui en auront connaissance de ne point y avoir égard, & de le faire arrêter. En donner avis à M. Mozard, imprimeur, à qui il appartient." (43)

Congo sachant lire et se faisant des bons (de passage)
Maintenant, contrastons le musulman illéttré ou celui qui possède des écritures incompréhensibles par les blancs, avec ce marron "africain" d'ethnie congo, donc foncièrement traditionnelle spirituellement, qui sait lire et écrire au point de se forger des "bons" de passage :


"Jean-Pierre de nation Congo, se disant libre, faisant la pacotille, âgé d'environ 25 ans, de la taille de 5 pieds 5 pouces, étampé illisiblement sur le côté droit du sein THIBEAUD, ayant les yeux gros, les dents limées, & des crabes aux pieds, appartenant ci-devant à M. l'abbé Enos, est marron depuis le mois de juin dernier : ceux qui en auraient connaissance sont priés de le faire arrêter, & d'en donner avis à M. Thibeaud, habitant au quartier de Valière, à qui il appartient, ou à MM. Sauzea Dubois frères, négociants au Cap. Il y aura récompense. Ledit Nègre sait lire & écrire, & se fait des bons." (44)
Créole étranger sachant lire
Cet exemple-ci nous offre un captif créole venant d'une colonie portugaise et sachant lire et écrire, ce qui lui procure un avantage considérable. Car, à l'opposé du lettré de langue arabe, le Portugais étant une langue occidentale, même si le captif ne parlait ni Créole, ni Français, il pourra quand même détecter un grand nombre de mots français (ou au pire aller recopier un bon authentique, dans le style graphique de l'époque), ce que le captif arabophone serait incapable de faire :


"Apollon, Portugais, étampé sur le sein droit BRVNET, et au-dessous GVIBIER, âgé d'environ 22 ans, taille de 5 pieds 2 pouces, se disant appartenir à Madame Brunet. Ledit Nègre sait lire & écrire." (45)
En conclusion, les paroles s'en vont, mais les écrits restent. Comme nous l'avons vu, il y a eu plusieurs lettres des rebelles de Saint Domingue de saisies. Et s'il y avait, une présence de lettrés musulmans parmi ces rebelles, des écrits coraniques auraient été confisqués au cours des hostilités. Or, il n'en fut rien, alors que l'islam ne fait pas dans la substilité. Par exemple, durant la tentative, en 1835, de révolte des musulmans Malês du Brésil, les écrits islamiques ne laissaient aucun doute sur l'islamité de la démarche :
"Beyond a shadow of a doubt, Muslims played a central role in the 1835 rebellion. The rebels went into the streets wearing clothes peculiar to practicers on Islam. And the police found Muslim amulets and papers with prayers and passages from the Koran on the bodies of fallen rebels. These and other characteristics of the revolt led Chief of Police Gonçalves Martins to conclude the obvious: "What is certain," he wrote, "is that Religion played a part in the uprising." He continued: "The ringleaders persuaded the unfortunate wretches that pieces of paper would protect them from dying."Another Martins, the provincial president, said: "It seems to me that there was religious fanaticism mixed up in the conspiracy."" (46)
Traduction :
"Hors de tout doute, les musulmans ont joué un rôle central dans la rébellion de 1835. Les rebelles ont investi les rues portant des vêtements propres aux adeptes de l'islam. Et la police a trouvé des amulettes musulmanes et des papiers avec des prières et des passages du Coran sur les corps des rebelles tombés. Ces et d'autres caractéristiques de la révolte a conduit le chef de police Gonçalves Martins de conclure à l'évidence: "Ce qui est certain," écrivait-il, "Est que la religion a joué un rôle dans le soulèvement" Il a continué: "Les meneurs ont persuadé les infortunés que des morceaux de papier seraient les protéger de mourir" Un autre Martins, le président provincial, a déclaré: "Il me semble qu'il y avait le fanatisme religieux mêlé à la conspiration.""
Voici ici, une amulette musulmane Malê confisquée par la police brésilienne en 1835 :



Source : João José Reis. Slave Rebellion in Brazil : The Muslim Uprising of 1835 in Bahia. Baltimore, 1993. (Couverture)

Une comparaison rapide dévoile que l'amulette des révoltés islamiques du Brésil appartient au même univers scriptural que les Manuscrits islamiques de Tombouctou :


Source :  https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/41/Loc_timbuktu_manuscripts_amm0001rs.jpg
Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Timbuktu#/media/File:Timbuktu-manuscripts-astronomy-mathematics.jpg

Maintenant, voilà, toujours à titre de comparaison, un passeport des rebelles de Saint Domingue, confisqué par les troupes françaises le 1er octobre 1791, du temps que Boukman était encore en vie. Le contenu de ce passeport non seulement contient aucun élément arabo-musulman, il va même à l'encontre de l'islam car il ne fait pas l'éloge d'Allah ou d'une quelconque entité musulmane. Au contraire, il fait l'éloge du Roi, des 2 principaux chefs et l'union des 2 groupes ethniques captifs :
Source : Assemblée nationale. Archives parlementaires de 1787 à 1860 ; vol. 37. Paris, 1891. p.291.


"A cette lettre est jointe un modèle de billet trouvé sur des nègres prisonniers ; c'est un carré partagé en quatre, à la première case se trouve des lettres moulées M.D.M [inconnu jusqu'ici] ; dans la seconde "Le préjugé vaincu, la verge de fer brisée, vive le roi !" ; et au bas dans la case de gauche, les lettres majuscules J. B. [Jean-François et Biassou - Pas Boukman qui n'était pas le chef] ; dans celle de droite, les majuscules M. N. [Mulâtres & Noirs] entrelacées et surmontées d'un coeur." (47)
Ainsi, si les musulmans du Brésil ont cherché protection dans des papiers à versets coraniques, leur révolte fut écrasée sans trop de difficulté par les forces policières de Bahia, prolongeant donc leur captivité pour 53 ans supplémentaires, rendant le Brésil l'une, sinon la colonie où l'esclavage dura le plus de temps. Ce fut le contraire à Saint Domingue (Haïti), l'une, sinon la colonie où la captivité a été la plus courte, car 44 ans avant les Brésiliens musulmans, les Traditionnalistes dominguois ont eu recours au sang du porc sacré comme amulette ; et ont vaincu. Cela nous prouve que les lettrés musulmans étaient incapables de reproduire rien de comparable à l'insurrection générale de 1791, et encore moins le miracle de 1804.


* Le texte original et non manipulé du témoignage de François-Alexandre Beau (le Procureur Clément), nous a été transmis généreusement par le professeur et historien Jeremy D. Popkin que nous remerçions énormément pour sa courtoisie hors-pair.
** Paul Blin fut effectivement et atrocément exécuté peu après par Jeannot. Ce qui ajoute de la crédibilité au permis de tuer retrouvé dans la poche de Georges.



Notes
(1) Baron Thomas de Vastey. Réflexions politiques. Sans-Souci, 1817. p.201.
(2) Dominique Harcourt Lamiral. L'Afrique et le peuple afriquain. Paris, 1789. pp.247-248.

(3) Selon "The Emancipation Wars", durant la Rebellion de Demerara (Guyana) d'août 1823, des captifs chrétiens évitaient d'ôter la vie de leurs oppresseurs par peur de perdre leur religion : "Initially, Demerara revolt involved no great violence. Some historians have noted that only a couple of whites were killed. Most slaves were Christians and for the most part non-violent. (...) Christian slaves who didn’t want to lose their religious character refused to take part and stood loyal to their masters." Ces captifs chrétiens léssés ont séquestré 37 colons, au lieu de les tuer. Mais, pourtant les chrétiens blancs n'ont pas eu peur pour leur foi lorsqu'ils ont ouvert le feu sur les chrétiens noirs, tuant 150 à 200 d'entre eux : "The continued defiance from the slaves made Leahy order his troops to shoot. Some fled, some surrendered, but as many as 150-200 slaves were shot dead." ; URL: http://www.nlj.gov.jm/history-notes/The%20Emancipation%20Wars.pdf#page=6&zoom=100,69,720
(4) Olukoya Ogen. "Historicizing African Contributions to the Emancipation Movement: The Haitian Revolution, 1791-1805." Texte d'un discours prononcé durant la conférence : "Teaching and Propagating African History and Culture to the Diaspora and Teaching Diaspora History and Culture to Africa " au State University of Rio de Janeiro, Brazil du 11-13 novembre 2008. URL: http://eprints.soas.ac.uk/5684/2/TheHaitianRevolution1791-1805.pdf ; Consulté le 1er janvier 2016.
(5) Ndompey Nvita Nkanga Amun. "Makandal ou Makunda : Ne Makandal, Grand Unificateur et combattant de la  liberté aux méthodes proprement africaines". 10 Sept. 2012. URL: http://basangoyakatiopa.blogspot.ca/2012/09/makandal-ou-makunda.html
(6) ‪"Toussaint Louverture célébré par le roi d’Allada, au Bénin‬" Reportage télévisuel. URL: https://www.youtube.com/watch?v=DDkNRYE5z6k
(7) Auguste Le Hérissé. L'ancien royaume du Dahomey, moeurs, religion, histoire. Paris, 1911. pp. 297.
(8) Antoine Métral. Histoire de l’expédition des Français à Saint Domingue. Suivie des Mémoires et notes d'Isaac Louverture. Paris 1825, p.325.
(9) Sylvaine Diouf. Servants of Allah: African Muslims Enslaved in the Americas. New York, 1998. pp. 60, 150-153, 217-218.
(10) Peter Espeut. "Two hundred years later", Jamaica Gleaner du mercredi 31 décembre 2003. URL: http://old.jamaica-gleaner.com/gleaner/20031231/cleisure/cleisure2.html
(11) Discours de J.-J. Dessalines fait au quartier-général des Goaaïves, le 1er janvier 1804. in: Mémoires pour servir a l'histoire d'Haïti by Boisrond-Tonnerre, Louis. Saint-Rémy, Joseph. Paris, 1851. p.5.
(12) Gerson Alexis. Lecture en anthropologie haïtienne. Port-au-Prince, 1970. p.198
(13) Gerson Alexis. ibid. p.176.
(14) Gerson Alexis. ibid. p.179.
(15) Carl Édouard Peters. "Société Mandingue" in: Revue de la Faculté d'ethnologie. No. 10. pp.47-50.
(16) Gérard Barthélémy. "Propos sur le Caïman: Incertitudes et hypothèses nouvelles" in: Chemins Critiques, Vol. 2. No3, Mai, 1992. pp.33-58.
(17) Wonderr Freeman. “
On Behalf Of The "Book People", in: The perspective.org du 25 octobre 2004. URL : http://www.theperspective.org/2004/oct/bookpeople.html. Retiré le 21 décembre 2015.
(18) Jacques Thibaud. Le Temps de Saint-Domingue. Paris, 1989. p.215.
(19) Gérard Barthélémy. Op. Cit.
(20) Commissaires de l'Assemblée Générale de la partie Française de Saint- Domingue. Discours fait a l'Assemblée nationale, le 3 novembre 1791, Paris, 1791. p.5.
(21) Charlie Najman. Le Serment du Bois Caïman. Documentaire, 1991.
(22) Charlie Najman. Haïti: Dieu Seul me Voît. Paris, 1995.
(23) Notes de M. Leclerc, procureur-syndic du Limbé, commissaire du gouvernement près du tribunal criminel du Cap français, sur la brochure de M. Gros », AN, Col. CC9a 5. in : « Les insurgés de 1791, leurs dirigeants et l'idée d'indépendance », in Yves Benot, Les Lumières, l'esclavage, la colonisation, La Découverte « TAP/HIST Contemporaine », 2005, p. 230-240.
(24) François-Alexandre Beau. Les ennuis d'un métromane : poëme ; suivie de poésies diverses. (préface). Paris, 1804.
(25) Jacques Thibaud. Op. Cit.
(26) François-Alexandre Beau. La Révolution de Saint-Domingue, contenant tout ce qui s’est passé dans la colonie française depuis le commencement de la Révolution jusqu’au départ de l’auteur pour la France, le 8 septembre 1792.", Inédit. F 3 141, Archives nationales d’outre mer (ANOM)
(27) Ibid.
(28) François-Alexandre Beau. Les ennuis d'un métromane : poëme. Suivi de poesies diverses. - (Notes). Paris, 1804. pp.40-41.
(29) Michel Pierre Descourtilz. Voyages d'un naturaliste, et ses observations faites sur les trois ... Volume 3.  Paris. 1809. p.212.
(30) Assemblée nationale. Archives parlementaires de 1787 à 1860: recueil complet. Tome 37. Paris, 1891, pp.311-312.
(31) Assemblée nationale. Archives parlementaires de 1787 à 1860: recueil complet. Tome 37. Paris, 1891, p.312.
(32) François-Alexandre Beau. La Révolution de Saint-Domingue...Op. Cit.
(33) D'après le rapport Garran-Coulon : "Il existe dans les archives des colonies une copie informe de la déclaration faite devant la municipalité du Limbé par François, esclave de Chapotin, l'un de ceux qui avaient mis feu à une partie de l'habitation Chabaud, et qu'on arrêta la nuit du 20 août. Suivant cette déclaration, que d'autres moins détaillées paraissent confirmer, « il s'était tenu, le dimanche 14 août, sur l'habitation Lenormand, au Morne-Rouge, une très nombreuse assemblée de nègres, composée de deux députés de tous les ateliers du Port-Margot, le Limbé, l'Acul, la Petite-Anse, Limonade, la Plaine-du-Nord, Quartier-Morin, le Morne-Rouge, etc., etc. (...) François ajoute que les papiers publics furent lus aux nègres assemblés par un mulâtre ou quarteron à lui inconnu, qui leur annonça que le Roi et l'Assemblée nationale leur avaient accordé trois jours par semaine ; que les colons blancs s'y opposaient, et qu'il fallait attendre l'arrivée des troupes qui viendraient faire exécuter ce décret; que c'était bien l'avis du plus grand nombre, mais que les nègres de quelques habitations de l'Acul [probablement Boukman, Auguste ou Jean-Jacques (des Manquets)] et du Limbé voulaient à toute force commencer la guerre contre les blancs avant l'arrivée des troupes."  Source : Jean Philippe Garran de Coulon. Rapport sur les troubles de Saint-Domingue, fait au nom de la Commission des colonies, des Comités de salut public, de législation et de marine, réunis. Tome 2. pp.211-212.
(34) Philippe-Albert Lattre. Campagne des Français à Saint-Domingue. Paris, 1805. p.50.
(35) François-Alexandre Beau. La Révolution de Saint-Domingue...Op. Cit.
(36) Les Affiches Américaines du Mercredi 16 février 1767, parution No7. p.50. 

(37) Les Affiches Américaines du Mercredi 6 novembre 1782, parution No.24. pp.424-425.
(38) Les Affiches Américaines du Samedi 26 janvier 1788, parution No4. p.712. 
(39) Sylviane Anna Diouf and Sylviane Kamara. Servants of Allah: African Muslims Enslaved in the Americas. New York, 1998. p.153.
(40) Moreau de Saint-Méry. Description topographique, physique, civile, politique..., Tome 1, Philadelphie, 1797. pp.39-40 ; 2nd ed. Paris, 1875. pp.46-47.
(41) Les Affiches Américaines du Samedi 6 mai 1786. Parution No.18. p.233. 

(42) Les Affiches Américaines du Mercredi 18 juin 1766, parution No.25. p.219. 
(43) Gazette de Saint-Domingue du Mercredi 18 mai 1791. Parution No.40. p.520.
(44) Les Affiches Américaines du Samedi 4 août 1787, parution No.31. p.872. 

(45) Les Affiches Américaines du Mardi 16 juin 1778, parution No.24. p.186. 
(46) João José Reis. Slave Rebellion in Brazil : The Muslim Uprising of 1835 in Bahia. Baltimore, 1993. p.93
(47) Assemblée nationale. Archives parlementaires de 1787 à 1860 ; 35 (20 novembre 1791). Paris, 1860. p.260.


 

Comment citer cet article:
Rodney Salnave. "Boukman ne s'appelait pas Zamba". 25 octobre 2016. Modifié le 22 sept. 2018.
[en ligne] URL: http://bwakayiman.blogspot.ca/2016/10/boukman-ne-savait-pas-lire.html ; Consulté le [entrez la date]


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